Jeanine RIVAIS

Critique d’Art

 

 

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Le Millen

 

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France

 

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SOMMAIRE

 

 

 

Le Grimoire Impossible

 

 

Comment j’en suis venue à…

 

 

Autour de l’idée d’entretien

 

 

Philippe Aïni

 

 

Sa trajectoire

 

 

Ses références sur le Web

 

 

 

 

 

 

LE MILLEN'ART : UNE EXPOSITION

TRES SINGULIERE      

 

A VILLENEUVE- LES -GENETS (Yonne)

par Jeanine Rivais.

 

Villen13

 

 

 

Le temps d'un changement de siècle et de millénaire aura été, en France, synonyme de multiples festivités plus ou moins grandiloquentes. Mais, conçues dans des cadres appropriés, assurées de présences célébrissimes et  d'officialités, elles ne présentaient pas grands risques !  Bien peu auront demandé un optimisme autant hors du commun que celui de mobiliser un village de 250 habitants perdu au fond de la Puisaye, à la pointe nord-ouest de la Bourgogne ; décider d'y exposer "2000 oeuvres pour l'an 2000", d'artistes venus de tous les horizons ! Mais il semble que lorsque Sandrine Maurice, institutrice à Villeneuve-les-Genêts, a une idée en tête, rien ne puisse l'arrêter ! Le projet défini, le maire aussitôt convaincu, elle est partie en quête de subventions : Et, comme dans les contes de fées où les gentils triomphent toujours, les mécènes locaux, les hautes instances administratives... conquis par ce toupet monstre, par l'évidence utopique de ce projet et la connotation ludique de la gageure, ont délivré sans se faire prier  -c'est du moins ce qu'ont dit les discours inauguraux-- le nerf de toute exposition : des sous pour le Millén'Art !

 

Et ce village autodidacte en ébullition a vraiment bien fait les choses, depuis près d'une année : lancement des invitations auxquelles des artistes ont répondu parfois de très loin (un groupe de "Parisiens", Cerruti depuis ses Alpes perdues dans la neige ....) ; annonces sur Internet ; articles dans la presse locale**, etc. Et comme la chance sourit aux innocents, les organisateurs ont eu celle de pouvoir présenter une exposition collective de bonne qualité : car, n'ayant voulu fixer aucun critère de sélection, le pire était à craindre. Mais, si tous les genres y étaient représentés avec des bonheurs divers, il n'y eut tout de même pas d'horreurs !

 

Il y eut même quelques bonnes surprises. Comme avec les enfants qui étaient venus de plusieurs écoles ou associations : certes, dans certains cas, le dirigisme évident du professeur avait donné vie à des séries répétitives ; mais la plupart des créations appartenaient aux enfants de Villeneuve qui ont, avec humour, baptisé leur école "l'école des Ouistitis" : leurs dessins, répartis le long de la rue et sur les cimaises d'un chapiteau, faisaient un grand éclat de joie et de couleurs multiformes, prouvant avec quel sérieux ces petits plasticiens en herbe considéraient leur participation au Millén'Art. Et les sculpteurs étaient aussi au rendez-vous, étalant sur les étagères du préau leurs oeuvres de terre de la Puisaye : Gargantua/château tenant massue, le corps couvert de murailles crénelées et de bois croisillonnés ; géant assis comme n'en pouvant mais, ses énormes pieds palmés étalés devant lui ; bonhomme aux jambes de sept lieues, au corps ciselé ; monstre animal tenant entre ses dents ce qui ressemblait fort à un enfant... D'ailleurs, le nombre de monstres présentés là, prouvait assez combien ces enfants ruraux (6 à 8 ans) pas trop gâtés apparemment par des boulimies télévisuelles, possèdent au plus haut point le sens du merveilleux, l'instinct du fabuleux. Ce qui n'excluait pas, pour certains, le quotidien sous forme de familles tranquillement assises sur un banc, de mères tenant dans les bras leur enfant, etc. Remarquable aussi était la composition intitulée Si tous les gars du monde..., place circulaire peuplée de minuscules "poupées" en costumes folkloriques, de l'Ecole maternelle de Saint-Privé...

Devant tant de fraîcheur, les "grands" avaient fort à faire ! Mais certains, très ludiques, faisaient le trait d'union entre les deux générations, comme le mini-orchestre de jazz, sculpté dans le métal, et intitulé Black-ferraille de Christophe Joannes.

 

Continuant son parcours, le public très nombreux à avoir bravé la grisaille météorologique, passait devant l'espace consacré à Philippe Mottron, peintures abstraites, conçues en belles couleurs grises et orangées, comme ces couchers de soleil au moment glorieux où chaque nuance se teinte de rouge brun, chaque bord de "nuage" se fait porteur de rêverie et de mystère. Dans des tons très proches, mais antithèse de cette poésie, les oeuvres de Marie-France Le Thomas, huis-clos arcaturés ou incisions brutales  traduisaient un esprit tourmenté.

 

La plupart des autres oeuvres étaient figuratives, dans des réalismes plus ou moins recherchés, des suggestivités plus ou moins abandonnées : Le Musée de Sens avait ainsi prêté un nombre important de bustes et moulages très académiques. L'Artothèque du Tremblay allait du canard polychrome de Ghislaine Morel, battant joyeusement des ailes à l'angle de deux rues, au buste profilé, anguleux et boudeur de Louis Chabaud, aux terrifiantes bêtes de bronze de Jean-Louis Vetter... sans oublier les photographies des oeuvres de M'an Jeanne toujours si tendres et si touchantes ! Et, parlant de photos, il y avait celles, magnifiques, de Christophe Maret qui emmenaient le visiteur vers de lointains horizons, le plus remarquable étant cette falaise accidentée à l'assaut de laquelle partait une bande de jeunes gens tout nus ! Très narratifs, également, étaient les paysages et les têtes peints dans une facture expressionniste de Muguette Bastide ; l'orchestre très naïf de Jacques Doué, et les scènes de rue d'Henri Meffre, colorées et bon enfant, à l'image du "Maurin des Maures" qu'il joua naguère, et dont se souvenaient à tour de rôle les visiteurs d'un... certain âge ! Et, à la fois naïfs, de rouge conçus avec un optimisme pictural tout à fait remarquable, les personnages de Guy Bertholon ; les petites sculptures  si tendres de Brigitte Moity, mamans embrassant leur enfant, petites filles montrant irrévérencieusement leur  postérieur... Venaient ensuite Nicole Crestou dont les beaux visages enlaidis de coulures malsaines semblaient idéalement situés, dans la pénombre de l'église, entre autel et confessionnal ; et Jean-Michel Doix dont les épis faîtiers vernissés sombres semblables à des totems, montrent la fragile démarcation entre art et artisanat d'art ; etc.

 

 

  

Grimore 1

 

 

 

 

Smolec

 

 

 

abstrait

 

 

 

 

Image5

 

 

 

 

Participation qualitative et quantitative  vraiment importante de l'exposition, composée de non-professionnels, devenus artistes  par nécessités psychologiques très fortes, il y avait les créateurs hors-les-normes : avant tout, des oeuvres de La  Fabuloserie,  prêtées  en voisine par Caroline Bourbonnais,  en particulier les oeuvres d'Emile Ratier, curieuses machines construites par ce paysan devenu aveugle, et qu'il est toujours tellement magique de voir tourner. Et, dans le même esprit, les démarches individuelles, celle d'Eric Doué, qui avait apporté quelques P'tikons -pas assez pour que leur caractère ludique habituel soit probant- ; Stéphane Cerruti qui présentait ses sculptures musicales, à la fois toujours belles et surprenantes parce que le passant peut jouer avec elles ; Robert Rey qui proposait, dans des couleurs très vives, ses petits allochtones en pied ou en buste, dressant au vent poyaudin leurs nez provocateurs ; tandis que Monique Le Chapelain également très colorée alignait des frimousses tendres parmi fleurs et papillons. Très grave, par contre, Marie Jakobowicz présentait dans la terre et la pierre, ses personnages-villages, ses amoureux soudés comme des siamois, ses visages  pointus ; Michel Smolec et ses petits couples, "racontant" avec humour, leurs tendresses et leurs états d'âme, leurs critiques et leurs bonheurs. Et, jouant avec la terre et l'écriture, les Grimoires impossibles de Jeanine Rivais***, livres d'argiles polychromes, effeuillaient leurs pages fragiles.                                                                               

Bien sûr, comme dans chaque exposition collective, il est impossible de citer tous les participants, surtout lorsqu'ils sont 250 ! Alors, il faut parler de ses coups de coeur, assumer sa subjectivité ; surtout, et ce sans restriction, souhaiter bonne année à tous ; et leur donner rendez-vous à Villeneuve-les-Genêts, pour le XXIIeme siècle !

 

 

 

Millen'art 1

 

 

Image6

 

 

 

***Charité bien ordonnée ne commence pas toujours par soi-même, mais ne s'oublie pas forcément !

 

 

*** A propos de la presse régionale, elle a largement couvert cette manifestation dont elle était l'un des principaux sponsors. Presse écrite, radio ont donc largement annoncé le Millén'Art. Il est dommage qu'elles n'aient pas su s'envoler, élargir aux exposants "étrangers" à la région le bénéfice de leur intérêt. Seuls, les "Parisiens" ont bénéficié d'un petit alinéa. Mais dans une telle diversité d'exposants, il y aurait eu matière à des analyses intéressantes, par genres, par styles, par ... ETC.

 

31 décembre 1999, Minuit : Secret bien gardé, sculptures emballées, peintures dissimulées !

1er janvier 2000, 0 heure01 : Découverte de tous les cadeaux !

 

 

POUR TOUS RENSEIGNEMENTS : Sandrine Maurice.

Ecole des Ouistitis. 89350. VILLENEUVE-LES-GENETS.

 

 

 

aragnée

 

 

Millen'art 2

 

 

 

 

 

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